Le business juteux de l'art de (bien) mourir

 

Encore un incunable xylographique (en allemand) de l'Ars Moriendi. Un précédent billet présentait un exemplaire de la BNF. La Bibliothèque du Congrès à Washington fait mieux et possède une édition en couleurs de l'Ars Moriendi. Probablement que le propriétaire de l'exemplaire américain était plus fortuné que celui de l'exemplaire français ! Plus loin dans le temps, c'était un incunable français de 1490 conservé dans une collection polonaise qui avait fait l'objet d'un billet.

Cet incunable xylographique (c'est-à-dire que même le texte est imprimé à partir de bois gravés) date des environs de 1475, preuve que l'impression xylographique a pu perdurer pendant quelques décennies sur des marchés de niche, face à l'expansion de l'imprimerie. Une particularité de cette incunable xylographique : les feuilles sont imprimées sur les deux faces.

 Les illustrations ont fort logiquement un petit air de famille avec celles des autres éditions de l'Ars Moriendi (xylographiques ou imprimées). Avec ces brochures, nous ne sommes pas dans les sphères des spéculations théologiques ou esthétiques. Ces imprimeurs étaient avant tout des commerçants. A quoi bon payer un graveur à inventer des figures quand il suffit de les faire copier sur celles d'un concurrent. La seule différence d'un copieur à l'autre, c'est que les compositions sont inversées. Si le futur mort est toujours dans son lit, l'assistance est tantôt à droite, tantôt à gauche du lit.

 


 


 

 


 


 


 

 











Source :

Lessing J. Rosenwald Collection. Ars Moriendi. [Germany, ?, 1475]

https://www.loc.gov/item/49039592/

 

 

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